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7.2 La conservation des documents sonores

7.2 La conservation des documents sonores

Nettoyage de disques. Photo: Phonothèque nationale suisse, Lugano

Conserver des documents sonores à long terme signifie bien plus que de les déposer dans des institutions en charge d’archives. Les documents sonores ont une vie propre qui dépend des propriétés de leurs matériaux de fabrication, des conditions climatiques et du cycle de vie des appareils de lecture. De bonnes conditions de conservation impliquent une politique d’archivage au sens le plus large du terme, qui doit avoir pour but de garantir la reproduction optimale des sons.

Matériaux, conditions climatiques et agencement des locaux

Fabrication

La durée de vie de tout support sonore dépend en grande partie des matériaux utilisés. Il est important de faire le bon choix parmi les produits disponibles (supports, boîtes et pochettes). Malheureusement une simple analyse visuelle ne permet pas d’exclure des défauts de fabrication du matériel. Les paramètres suivants sont incontrôlables: les résines de base, les additifs, les procédés de fabrication.

Pour des raisons économiques ou simplement pour conférer à leurs produits un aspect particulier, les fabricants de supports sonores utilisent différentes formules. Un mauvais choix de lubrifiants ou d’extenseurs peut réduire la durée de vie d’un disque de plusieurs décennies, alors qu’une simple modification des stabilisateurs peut l’augmenter jusqu’à une centaine d’années. Les températures et les sollicitations physiques imposées durant le moulage sont si importantes qu’une simple variation de ces paramètres peut modifier de manière fondamentale la composition chimique du support sans qu’aucune trace n’apparaisse à la surface de ce dernier. Les produits dont le coût est élevé sont, en général, de meilleure qualité, ont une durée de vie supérieure et permettent donc d’augmenter les intervalles de temps entre les différentes copies de sécurité.

Recommandations:

  • Contrôle régulier de tout le matériel disponible, des supports vierges comme des supports enregistrés.

  • On soumettra tous les supports nouvellement reçus à un contrôle technique de qualité, et ce, avant catalogage et archivage; le matériel non conforme aux exigences d’archivage sera renvoyé au fournisseur et remplacé.

  • On effectuera un contrôle analogue au moins une fois par année, voire lors de chaque utilisation.

  • Si un support sonore présente des symptômes d’éventuelles dégradations, on effectuera sans hésitation une copie de sécurité.

Propriétés des matières plastiques

Une matière plastique est un composé organique d’un poids moléculaire important et capable de modifier sa structure sous l’effet de chaleur, pression, vapeurs de solvants et dispersion de résines dans le plastifiant. Pour des raisons économiques ou pour obtenir des propriétés spéciales, d’autres substances (additifs) peuvent être incorporées dans les matières plastiques.

Aujourd’hui, les supports sonores sont composés de matières thermoplastiques, composants dont l’état varie en fonction de la température. Le processus de dégradation de ces composants est parfois imprévisible. Cependant, ces dernières années, la stabilité des matières plastiques a été sensiblement améliorée..

Agents atmosphériques

Les principales modifications de la structure d’un support sonore sont liées aux réactions internes induites par les conditions environnementales du milieu où se trouve le support. Les principaux types de dégradation chimique se manifestent par des modifications physiques résultant des phénomènes suivants: scission des chaînes moléculaires, mélange des composants, modification des éléments de compensation. Les causes possibles de ces modifications sont:

  • La chaleur: L’énergie thermique produit sur les matières plastiques des altérations physiques telles que la déformation irréversible, le changement de viscosité, le délaminage, etc. Afin d’éviter des variations climatiques trop importantes et trop rapides, il est donc essentiel que la température de fonctionnement corresponde à un compromis acceptable, en tenant compte également des exigences humaines.

  • La lumière: L’énergie lumineuse des rayons ultraviolets et autres longueurs d’onde de haute fréquence cause souvent des dégradations. On évitera donc toute exposition directe au soleil et à toute autre source similaire de lumière.

  • L’eau: L’humidité peut également contribuer à la dégradation physique et chimique des supports sonores. Elle cause des variations de dimensions de certaines résines et matières de remplissage, modifiant ainsi la résistance aux chocs de ces dernières. Elle peut également agir comme un solvant ou, encore, générer des phénomènes hydrolytiques ou catalytiques. L’humidité existe sous différentes formes dont la vapeur d’eau.

  • L’oxygène: Peut être un élément important car il favorise l’oxydation, phénomène particulièrement influent lors de la fabrication des matériaux.

  • Les polluants atmosphériques: Les principaux polluants atmosphériques à considérer sont l’oxyde de carbone, le bioxyde de soufre et l’azote. Généralement présents dans de faibles concentrations, leur action reste heureusement limitée aux zones présentant un taux de polluants anormalement élevé.

  • La poussière et le sable: Tous les supports sont sensibles à l’action de ces agents abrasifs.

  • L’électricité statique: Les composants thermoplastiques sont de mauvais conducteurs électriques. L’électricité statique dont ils se chargent lors du moulage à pression est non seulement active sur une longue durée, mais est également à même de se régénérer lors de la manipulation et de la lecture des supports, attirant ainsi la poussière qui se dépose sur la surface.

Les principaux types de dégradation physique sont: déformation irréversible, rupture, délaminage, déchirure, décomposition du matériel causant l’effacement du contenu. Il sont causés par les phénomènes suivants:

  • Les variations de température ou une température excessive

  • Les variations d’humidité ou une humidité excessive

  • L’abrasion par la poussière ou le sable lors de manipulations

  • La sollicitation physique

Additifs et mélanges

Afin de conférer aux matières plastiques les caractéristiques souhaitées, les fabricants ont souvent recours à des additifs tels que les substances de remplissage, les plastifiants, les extenseurs, etc. Or, ces derniers peuvent affecter la stabilité structurelle du support. Souvent, ces additifs sont employés uniquement pour des raisons économiques, sans tenir compte des répercussions sur l’aptitude à la conservation des matériaux.

Mycoses, formation de moisissures

Les anciens supports sonores contenaient des additifs qui présentaient un élément nutritif pour les champignons. Aujourd’hui, ces organismes trouvent une source de nourriture dans les graisses déposées par les mains ou autres parties du corps humain.

Des substances nutritives ont été utilisées dans la fabrication des supports sonores ainsi que dans l’élaboration de nombreuses boîtes d’archivage.

Recommandations:

  • On évitera impérativement de toucher les microsillons des disques, la surface enregistrée des bandes magnétiques et la surface réfléchissante des disques optiques. Le cas échéant, le support sera immédiatement nettoyé ou lavé. Avant l’archivage, chaque support doit être examiné, opération à effectuer avec la plus grande précaution.

  • On utilisera des boîtes de rangement conçues spécialement, notamment pour résister aux attaques directes des champignons.

  • L’utilisation de dérivés de la cellulose et de certains types de carton est donc à proscrire.

  • Le taux d’humidité dans les archives ne dépassera jamais les 55%.

  • Pour les étiquettes, on choisira des matériaux ne favorisant pas la colonisation par les champignons. Pour les colles, on retiendra des produits résistants comme, par exemple, les colles à base de polyéthylène.

Prévisions

Il est impossible de déterminer avec certitude la durée de vie d’un support sonore. Il est donc important d’observer à la lettre les recommandations quant à la manipulation et le stockage des supports. Leurs durées de vies dépendent en grande partie du fait que les consignes en matière d’archivage ont été appliquées ou non. Un comportement négligent est à bannir.

Local d’archivage

  • La température et le taux d’humidité relative seront maintenus dans une fourchette très réduite. Les valeurs optimales sont de 19°C et 40% RH. A toute variation de température dans un sens doit correspondre une modification proportionnelle du taux d’humidité dans le sens inverse (proportion: +1°C –3% RH).

  • Les archives seront équipées d’un appareil de climatisation avec filtres de 0.3 μm, permettant d’éliminer une bonne partie des polluants atmosphériques.

  • On évitera tous les champs magnétiques: moteurs électriques, haut-parleurs, etc.

  • Aucune présence de nourriture solide, liquides ni de fumée à proximité des supports sonores. – L es copies de sécurité éventuelles seront stockées en lieu sûr, si possible dans un autre bâtiment, dans des conditions d’archivage identiques.

  • Le dispositif de surveillance contre l’effraction et l’incendie doit satisfaire à des exigences élevées. Actuellement, concernant les incendies, le seul moyen efficace et sans danger pour les supports sonores est l’emploi d’un substitut du gaz Halon ou d’un système d’extinction «dry fog». Le choix de matériaux non inflammables ainsi qu’un comportement adéquat de la part des personnes ayant accès aux archives représentent une contribution indispensable à la prévention des incendies.

  • Le taux d’utilisation de l’espace disponible, dans les locaux où sont entreposées les archives, doit être le plus élevé possible (proche de 100%). Il peut être jugé satisfaisant à partir de 70%.

Manipulation et conservation: quelques exemples de supports

Manipulation et archivage en général

La manipulation et le stockage sont des facteurs importants pour la durée de conservation de tout produit. Afin d’être sûr de la qualité des supports, il faut contrôler toute la chaîne, à savoir: la fabrication du support, le premier stockage, l’exportation depuis le pays d’origine, le deuxième stockage, le transport jusqu’aux archives et la manipulation par le personnel des archives.

Les conditions climatiques de l’environnement où se trouve le support durant les différentes étapes de ce parcours constituent le principal danger. Les écarts importants de température et d’humidité peuvent causer des réactions engendrant des dégradations des supports jusqu’à la destruction de certains composants.

Recommandations:

  • Dans la mesure du possible, on classera les supports uniquement durant les périodes où les conditions climatiques sont favorables (printemps et automne); on exigera la mise à disposition de supports de fabrication récente.

  • Il est fortement recommandé de soumettre les nouveaux arrivages à une période d’acclimatation avant de les emballer pour l’archivage; cette période sera d’au moins 24 heures, une durée plus longue est cependant préférable

  • On évitera de stocker les supports horizontalement, voire sur ou contre des surfaces irrégulières; cela concerne tous les supports mais particulièrement les disques.

  • La température dans les locaux d’archivage ne dépassera jamais les 25°C.

Conservation du disque acétate (voir glossaire )

Ce type de disque a connu une large diffusion pour les enregistrements en direct, avant d’être remplacé par les fils et les bandes magnétiques. Il est problématique du point de vue de la conservation à long terme.

La composition chimique des disques a beaucoup évolué dans le temps: la cire des débuts a été remplacée par l’éthyle de cellulose, puis par l’acétate de cellulose et enfin par le nitrate de cellulose. Ils étaient composés d’une laque à base de cellulose plastifiée avec de l’huile de ricin sur une structure solide en métal ou en verre. Ce mélange est particulièrement instable.

Les réactions de dégradation les plus fréquentes sont dues aux facteurs suivants:

  • Température

  • Photooxydation

  • Décomposition hydrolytique

L’agent le plus nocif est cependant le peroxyde d’azote qui, au contact de l’eau, se transforme en acide nitrique, causant ainsi une réaction autocatalytique.

L’huile de ricin utilisée pour faciliter l’enregistrement est la cause de fortes contractions de la laque qui aura ainsi tendance à se désolidariser de la structure rigide, donc à se craqueler voire à se détacher complètement.

Ces problèmes impliquent des mesures particulières concernant la manipulation et l’archivage: d’une part, une bonne circulation de l’air est nécessaire. D’autre part, il serait opportun d’isoler le disque de l’environnement extérieur afin de le protéger contre l’humidité, l’oxygène, les polluants atmosphériques et la poussière.

Il faut copier le plus rapidement possible ce type de disques sur des nouveaux médias, en conservant très soigneusement les supports originaux.

Conservation du disque en gomme-laque

Les disques à 78 tours à gravure latérale ou verticale étaient fabriqués à base de gomme-laque ou autre matériau équivalent. La durée de vie dépend des différents procédés de fabrication. À l’origine, le disque était composé d’une structure en carton couverte d’une couche en gomme-laque. Peu efficace, le carton fut abandonné et substitué par un mélange de poudre de bois ou minérale, d’une part, et de cires et résines naturelles, d’autre part. Cependant, durant l’époque du disque gomme-laque, certains fabricants ont introduit d’autres matériaux (ValiteTM, VinsolTM, etc.).

Points importants à savoir:

  • Les disques en gomme-laque naturelle sont plus sensibles aux dégâts causés par l’humidité que les disques réalisés en matériaux semi-synthétiques.

  • La pire forme de dégradation chimique est la décomposition du matériel jusqu’à un point où la reproduction du disque abîme la surface en produisant une poussière sombre. Dans ce cas, la seule intervention envisageable est d’effectuer immédiatement une copie de sécurité.

Conservation du disque en plastique

Composé essentiellement de matériaux synthétiques comme le chlorure de polyvinyle (PVC) ou le polystyrène, le disque de longue durée ou microsillon ne saurait être considéré comme une simple amélioration du disque gomme-laque.

Les principaux agents de dégradation chimique des disques PVC sont l’exposition aux rayons ultraviolets (UV) et la chaleur. Les disques en polystyrène, quant à eux, sont sensibles à l’oxydation. On notera également que des sollicitations mécaniques prolongées peuvent causer une déformation physique de ces supports. Le mauvais stockage, par exemple, peut générer des déformations des sillons, pouvant compromettre la lecture du disque. Tenter de corriger les dégâts en chauffant le disque ou en exerçant des pressions est inutile voire contreproductif car cela provoque généralement des dégâts encore plus importants.

Recommandations:

  • Les disques en plastique ont potentiellement une durée de vie très importante à condition de ne pas les exposer aux rayons UV ou à des températures élevées (>25°C).

  • Les déformations physiques peuvent être évitées en conservant les disques verticalement et légèrement comprimés entre eux.

  • Le contrôle de l’humidité est important afin de prévenir les mycoses.

Conservation du disque optique

De tous les disques décrits dans ce document, le disque optique est certainement le plus stable du point de vue du matériel. En effet, il subit peu de modifications dues à l’environnement dans lequel il se trouve.

Malgré cela, le disque optique cause quelques problèmes dans le domaine des archives. À l’usage, les supports enregistrables, et particulièrement les CD-R, se sont révélés instables. La qualité du signal numérique enregistré dépend en partie de la stabilité du support lui-même. Dans la pratique, c’est la combinaison entre graveur, support et appareil de lecture qui pose toujours problème. Les graveurs et les lecteurs de CD étant peu normés, la qualité des données reste menacée, malgré des tests systématiques. (Risks Associated with the Use of Recordable CDs and DVDs as Reliable Storage Media in Archival Collections – Strategies and Alternatives. Memory of the World Programme, Sub-Committee on Technology. By Kevin Bradley, National Library of Australia, Canberra, 2006)

Contrôle d’un CD-R par un collaborateur d’un studio radio de la SSR. Pour l’extraction du son il est indispensable que le support est dans la meilleure condition possible. Photo: Ruedi Müller

En règle générale, il est constitué d’une base transparente en polycarbonate à la surface de laquelle sont enregistrées les informations (pits). Cette face est couverte d’une mince couche métallique réfléchissante (aluminium, argent ou or) protégée, elle, par une couche de laque sur laquelle est imprimée l’étiquette. Sur les disques optiques enregistrables (CD-R, DVD-R), la couche contenant l’information consiste en un pré-sillon sur la superficie supérieure du corps en polycarbonate, remplie d’une teinture organique. L’enregistrement se fait au moyen d’un laser, avec un apport d’énergie très supérieur à celui employé pour la lecture, qui surchauffe (brûle) la teinture. Avec ce procédé on crée une séquence de points brûlés/non brûlés, reconnus par le lecteur comme les «pits» d’un disque en lecture seule (ROM).

Sur les disques optiques réinscriptibles (CD-RW, DVD-RW ou RAM) la couche contenant l’information consiste principalement en une pellicule d’alliage métallique qui, par un procédé sophistiqué de fusion et de refroidissement contrôlé, permet la création d’une séquence de points avec des propriétés de réflexion qui seront interprétées comme les «pits» des CD-ROM. Ce procédé est réversible. Il est intéressant que la surface du disque est physiquement séparée de la surface sur laquelle sont gravées les informations.

Cependant, il existe aussi quelques points faibles à prendre en compte:

  • La laque de protection de la couche métallique réfléchissante est tellement mince qu’elle peut facilement être rayée. Il est donc indispensable de manipuler le disque avec précaution. Toute dégradation de la laque influe sur la couche métallique, ce qui peut causer une perte partielle d’informations, voire la perte totale du contrôle de la lecture du disque. Rappelons qu’un disque à enregistrement numérique contient également des informations techniques indispensables au bon fonctionnement du lecteur.

  • Bien qu’il existe déjà depuis un certain temps, ce type de support est toujours en évolution (CD, DVD, etc.), il est donc difficile de prévoir avec certitude sa durée de vie à long terme. Dans certains cas, notamment pour les supports enregistrables, il existe des problèmes liés à l’oxydation, l’exposition à la chaleur, l’humidité, l’usure et l’incompatibilité entre les matériaux.

  • La lisibilité d’un disque endommagé dépend en large mesure de l’appareil de reproduction utilisé. En effet, il existe de grandes différences de capacité de correction des erreurs, différences dues uniquement à la conception technique de l’appareil, laquelle ne dépend pas directement du prix.

  • L’augmentation constante de la densité des données et l’introduction de techniques d’enregistrement multicouche contribuent à rendre la situation de plus en plus critique. On se rapproche dangereusement du point de non-retour, c’est-à-dire de l’impossibilité de lire l’ensemble du support.

Pour les raisons évoquées, les CD enregistrables ne peuvent être recommandés comme format d’archivage longue durée. Au contraire, ils devraient être copiés rapidement et la saisie des informations des CD-R et des CD-RW – dans des systèmes de stockage ou durant un processus de copie – devrait être accompagnée de contrôles de qualité.

La qualité des CD-R diffère beaucoup, même s’ils proviennent de la même charge de production. La photo montre un disque vierge qui s’est décomposé après quatre ans déjà. Photo: Ruedi Müller

Conservation du disque magnéto-optique

Il est nécessaire de mentionner également les disques magnétooptiques. Originairement employés dans le monde de l’informatique pour mémoriser les données, ils ont été petit à petit supplantés par les hard disc (HDD) qui ont l’avantage d’une capacité supérieure à un prix inférieur. Ils survivent actuellement dans le monde commercial sous le format MiniDisc (réenregistrable).

Conservation des bandes magnétiques

Toute bande magnétique (sur bobine ou cassette, audio ou vidéo) est composée d’une base (papier, acétate de cellulose, (voir glossaire), PVC, PET, etc.) sur laquelle est fixée une couche de particules magnétiques. Du point de vue structurel, la bande magnétique est donc exposée aux mêmes dangers que les autres supports sonores.

Les principales causes de détériorations spécifiques aux bandes magnétiques sont:

  • La tension d’enroulement sur la bobine: Tension entre les spires, d’une part, et entre la bande et l’arbre de la bobine, d’autre part. Certains types de bande, notamment ceux dont la dorsale est brillante, tendent à se dérouler, ce qui peut causer des différences remarquables de sollicitation structurelle de la bande pouvant conduire à la rupture ou à l’étirement de celle-ci.

  • Les frottements: Certains fabricants, surtout au début, utilisaient des lubrifiants qui, avec le temps, pouvaient littéralement se séparer de la bande et gêner le déroulement du support sonore. Le cas échéant, l’application d’une solution de Krytox et Freon FT à raison de 1:100 permet de «rajeunir» la surface magnétique.

  • L’effet de copie: effet bien connu, il se manifeste d’une manière plus ou moins évidente sur toutes les bandes magnétiques. Bien qu’imperceptible, il existe également dans les enregistrements numériques! Il est dû à la capacité de magnétisation d’une ou plusieurs spires adjacentes à travers toute la structure de la bande. L’effet de copie est influencé par les facteurs suivants:

  • Des températures élevées (>25°C).

  • L’épaisseur de la bande.

  • Le temps d’archivage.

  • La fréquence du débobinage et l’embobinage.

  • La présence de champs magnétiques.

  • La longueur d’onde de la modulation

Recommandations:

  • Toutes les bandes seront archivées enroulées tête-à-queue («tail out»), et ce, pour deux raisons:

  • On est obligé de rembobiner complètement la bande avant la reproduction, ce qui diminue partiellement l’effet de copie.

  • L’enroulement tête-à-queue permet d’obtenir un effet postécho. Perçu comme un écho naturel, le postécho est nettement plus acceptable que le déplaisant effet préécho dû à un enroulement normal de la bande (enregistrements analogiques). Il va de soi que cette recommandation est applicable uniquement aux bandes enregistrées dans une seule direction.

  • On évitera autant que possible toute exposition des bandes aux éventuels champs magnétiques générés par les moteurs électriques, les haut-parleurs, etc.

  • On déroulera et enroulera les bandes au moins une fois par année, afin d’éliminer les tensions qui se créent durant l’archivage et pour garder l’effet de copie à un niveau acceptable.

  • On utilisera uniquement des bandes et des cassettes de qualité En effet, il existe certains paramètres non négligeables pour leur durée de vie potentielle. On évitera donc impérativement l’emploi de bandes de faible épaisseur ou avec une dorsale brillante.

  • Les boîtes pour bandes sonores doivent être fabriquées en carton exempt d’acidité, sans agrafes ni autres pièces métalliques pointues. Si elles sont collées, seule une colle à base de polyéthylène devrait être employée. Pour les bandes enroulées autour d’un noyau, il est conseillé d’utiliser la fixation dans la boîte pour le serrage de la bande et s’il n’y en a pas, il est judicieux d’utiliser une bobine.

Conditions climatiques des archives

CD-R

 

Humidité

constante 8 – 55 %

Température

constante 5 – 25°C

Lumière UV

à l’abri de la lumière

Poussière

environnement sans poussière

Bande magnétique

 

Humidité

constante 40 – 55 %

Température

constante 15 – 22°C

Lumière UV

à l’abri de la lumière

Poussière

environnement sans poussière

Médias audiovisuels en général

 

Humidité

constante 40 %

Température

constante 19°C

Lumière UV

à l’abri de la lumière

Poussière

environnement sans poussière
(filtre à particules classe F9/H10)

Eviter de brusques changements de la température
et de l’humidité:

  • Par °C de moins +3% d’humidité et vice versa

  • Différence max. de 2% par heure et de 3% par jour

Source: Library of Congress et Phonothèque nationale suisse

Obsolescence technologique

Il ne s’agit pas d’une dégradation du support, mais de l’impossibilité d’en reproduire le contenu quand la il se base disparaît du marché. Cet effet touche en particulier les enregistrements numériques. L’unique remède est la veille technologique continue et une rapide conversion du format dès qu’un nouveau standard apparaît sur le marché. L’obsolescence, signifie aussi l’abandon des formats analogiques (cf. IASA TC-03, chapitre 4).

Il faut différencier obsolescence et obsolète. Un produit est obsolète s’il n’est plus en service et que les pièces détachées ne sont plus disponibles pour une maintenance ou une réparation de ce produit. Alors qu’un produit est frappé d’obsolescence lorsqu’il n’est plus produit, mais que les pièces détachées sont toujours fabriquées et donc qu’une maintenance et une réparation sont encore possibles. Si un tel matériel peut encore fonctionner, il convient – dans une optique de sauvegarde – de se demander pendant combien de temps nous pourrons l’utiliser. En terme économique, l’obsolescence est la dépréciation d’une machine ou d’un équipement par le seul fait de l’évolution technique, et non de l’usure résultant de son fonctionnement.

Dans cette perspective, il devient urgent d’évoluer avant de ne plus pouvoir se servir d’un équipement. Il faut donc faire des copies de sauvegarde des supports, non seulement parce qu’ils se détériorent, mais aussi parce que les appareils qui servent à les lire sont obsolescents. technologie sur laquelle

 L’obsolescence

Lorsque l’obsolescence menace, il faut planifier de vastes mesures de conservation intégrale, du moins dans les archives spécialisées. Il faut s’assurer de la disponibilité des machines, pièces de rechange et périphériques tels que câbles, fiches, amplificateurs, etc. Les outils de maintenance des appareils ainsi que les manuels et plans qui les accompagnent font partie de la technologie qu’il faut également conserver, de même que les systèmes de traitement technique du son tels que dolby et telcom ou les logiciels spéciaux. Il faut également préserver des informations sur les méthodes et standards apparentés ainsi que les instruments de mesure et supports sonores étalon qui permettent de régler les appareils de lecture. Au moins aussi importants que le matériel, le capital humain: un savoir-faire spécialisé pour l’entretien, la réparation et le développement d’infrastructures est indispensable.

On doit conserver les supports obsolètes parce que:

a) la plupart du temps ils n’ont pas tous été copiés.

b) des informations complémentaires figurent souvent sur les supports ou leur boîtier.

c) on peut s’attendre à découvrir de meilleures techniques de reproduction dans le futur.

Maintenance des appareils d’enregistrement et de reproduction

On effectuera une inspection régulière de tous les appareils utilisés pour l’enregistrement et la reproduction de supports sonores. Le cas échéant, une révision sera effectuée par une personne compétente. Les paramètres déterminants au moment de l’achat sont la solidité, la fiabilité et le rapport qualité/prix.

Platines tourne-disque

Il est important de pouvoir disposer d’appareils présentant une bonne régularité de la fréquence de rotation, un bras de lecture réglable dans plusieurs directions, une tête de lecture interchangeable et une faible pression d’appui. On vérifiera régulièrement l’état de la pointe de lecture. Il est recommandé d’utiliser une brosse en fibre de carbone pour enlever la poussière de la surface des disques avant chaque reproduction.

Enregistreurs pour bandes, cassettes etc.

Comme pour les platines tourne-disque, les enregistreurs doivent également présenter une bonne régularité de fréquence de rotation. Les boutons de réglage mécaniques et électroniques doivent être faciles à manipuler. On nettoiera régulièrement les têtes et les dispositifs de guidage de la bande, afin de maintenir une haute qualité d’enregistrement et de reproduction, d’une part, et de minimiser les frottements, d’autre part. Après 100 heures d’utilisation environ, on procédera à la démagnétisation des têtes et des dispositifs métalliques de guidage de la bande, à l’aide d’un appareil de démagnétisation spécifique.

Une collaboratrice de SRF prépare une bande ¼ de pouce en vue de sa numérisation. La numérisation de bandes sonores demande un certain nombre de travaux préparatoires (rembobinage, contrôle de l’état, intégrité du document, ajout d’armorces, etc.). Photo : Rudolf Müller

Lecteurs optiques

Les lecteurs optiques compatibles avec différents types de disque (CD, DVD, etc.) doivent répondre à certaines exigences dictées par le marché, à savoir: possibilité de reproduction de disques de formats différents; bonne correction d’erreurs; indexation et sousindexation des plages; prises de sortie analogique et digitale. Le scanner optique n’est pas éternel non plus – on peut compter avec une durée de vie de 5000 heures de lecture environ.

Amplificateurs

Caractéristique parmi les plus importantes des supports sonores modernes, la dynamique est devenue un facteur déterminant pour le choix d’un amplificateur. Une dynamique importante permet généralement une bonne réserve de puissance et donc moins de distorsion lors d’une utilisation courante.

Haut-parleurs

On n’utilisera que des haut-parleurs professionnels. On choisira donc des haut-parleurs du type near-field monitor.

Casques

Facteurs de confort très importants pour un usage prolongé, la forme et le poids sont déterminants pour le choix d’un casque.

PC, cartes audio

La majorité des cartes audio dont sont dotés les PC courants est qualitativement insuffisante et limitée dans la résolution sonore. Pour une écoute de qualité, indépendamment du format des fichiers audio, il convient de pourvoir le PC d’une carte audio professionnelle.

Bibliographie et liens

Phonothèque nationale suisse, Conservation. Online, consulté le 6.1.2023

Dernières modifications: novembre 2014


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