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3.2 Documents sonores : technique, formats

3.2 Documents sonores : technique, formats

On peut remonter jusqu’à l’Antiquité avec des histoires de boîtes parlantes, de piliers sonores ou de tuyaux de plomb et, durant la Renaissance déjà, des philosophes et des scientifiques ont tenté de fixer le son. Au 19e siècle de nombreux techniciens et inventeurs se sont intéressés à l’enregistrement et à la restitution des sons. Puis, en 1877 Thomas Alva Edison (1847–1931) présenta sa machine parlante, le phonographe et, en 1877, Emil Berliner (1851–1929) fit breveter son équipement d’enregistrement et de lecture pour disque. Cette date marque le début de l’essor et de la marche triomphante du support sonore qui se poursuit jusqu’à nos jours. Entre-temps, les techniques d’enregistrement et de restitution, les supports sonores, la qualité du son, etc. n’ont cessé d’évoluer et de se développer. Beaucoup ne furent qu’éphémères et disparurent du marché après peu de temps, même si elles étaient de qualité convaincante et idéales à l’emploi. Les années 40 et 50 du siècle passé ont vu naître beaucoup de nouvelles techniques et de nombreux formats. L’évolution est devenue de plus en plus mouvementée et l’arrivée des formats numériques a propulsé l’histoire de l’enregistrement et de la restitution sonore dans une nouvelle ère.

Les différents types d’enregistrements sonores

L’utilisation de documents sonores a beaucoup évolué au cours du 20e siècle. Jusqu’après la Seconde Guerre mondiale, excepté dans le monde professionnel de la radio, de l’industrie des supports sonores et dans certains domaines scientifiques, l’enregistrement sonore n’était pas encore d’un usage courant. Cela a changé avec le miracle économique des années 50, lorsque l’industrie du disque a découvert le pouvoir d’achat des jeunes consommateurs. Dans les années 60, de nouvelles perspectives se sont ouvertes lorsque l’enregistrement sonore, sur bande magnétique à 4 pistes dans un premier temps, puis, dès 1963, sur cassettes, devint abordable pour les amateurs.

Les supports commerciaux – entre pièce rare et bien de consommation de masse

En matière de préservation et d’accès, on distingue d’une part, les enregistrements sonores qui ont connu une reproduction commerciale et ont été édités (supports sonores commerciaux) et, d’autre part, ceux qui, pour différentes raisons, ont été enregistrés sur un seul support. Les supports commerciaux comme les disques et les CD ont de meilleures chances de survie parce qu’ils ont été édités en grand nombre et qu’ils ont été fabriqués avec des matériaux stables. Les plus anciens produits de l’industrie du disques peuvent cependant devenir des pièces rares. Ainsi, beaucoup de disques 78 t ont été jetés ou sont dans un état précaire. Pour les disques, il existe un important réseau international de collectionneurs privés ainsi qu’une offre commerciale. On trouve également exceptionnellement des enregistrements, au tirage très limité, d’événements musicaux d’importance locale avec des musiciens amateurs. Ils peuvent être conservés dans des archives publiques, mais également par exemple dans des archives d’entreprise. Pour preuve, cette découverte extraordinaire effectuée en 2000 dans les archives de la Basler Mission: plus de 900 disques de musique de danse populaire du Ghana et du Nigeria des années 30 aux années 50. Une grande partie de ces disques n’étaient que des pressages tests qui n’ont jamais été édités.

Les enregistrements non édités

Il s’agit d’enregistrements uniques, produits la plupart du temps sur un support instable de qualité sonore variable. Avant le Deuxième Conflit mondial, ils étaient réalisés sur des cylindres ou des disques de différentes matières, dès la moitié des années 50, il s’agit en général de bandes magnétiques. Ces enregistrements sont menacés par la diversité des vitesses et de disposition des pistes ainsi que par la mauvaise qualité des bandes (bandes longue durée), spécialement lorsqu’ils proviennent des milieux amateurs. La musicassette s’est également avérée instable à cause de problèmes mécaniques et d’une mauvaise qualité de bande. A l’ère du numérique, c’est la réduction de données (p.ex.: MiniDisc et MP3) ainsi que l’évolution rapide des formats qui gênent le travail des archivistes.

La radio, miroir de l’intérêt public

Les studios de radio ont accumulé presque tous les sujets imaginables. Leur point commun est qu’ils ont été archivés pour servir à la production de nouvelles émissions et des émissions en différé. Cela permettait de produire des programmes plus flexibles et plus intéressants. En outre, ces enregistrements de sons originaux des personnes et des événements augmentaient l’attractivité de la radio. Les collections de bruits documentaient souvent des travaux ou des machines du temps passé. Bien entendu, les radios possèdent également une quantité énorme de supports commerciaux. Ensemble, les différentes archives de la SSR constituent les plus grandes archives sonores de Suisse.

Les collections scientifiques

Les collections scientifiques ont de toutes autres priorités. Elles sont souvent thématiques. Ainsi, les Phonogrammarchiv de l’Université de Zurich collectionnent des enregistrements pour l’étude des dialectes suisses et la Société pour la musique populaire en Suisse s’occupe de documents sonores d’intérêt ethnomusicologique. Ces enregistrements n’étaient pas destinés à être publiés, mais étaient utilisés comme source pour des recherches, qui, elles, faisaient ensuite l’objet d’une publication écrite. Ce n’est que de nombreuses années plus tard que l’on s’est rendu compte de l’intérêt qu’elles pouvaient représenter dans un nouveau contexte.

La démocratisation de l’enregistrement sonore

Une autre sorte d’enregistrements sonores a atterri dans les bibliothèques publiques via les collections privées ou institutionnelles. En effet, depuis les années 60, l’enregistrement sonore est devenu abordable et praticable par tout un chacun, ce qui a élargi le cercle des utilisateurs. C’est le cas des acteurs de mouvements sociaux qui, à l’époque, cherchaient une nouvelle technique pour documenter leur activité. Aux Archives sociales suisses par exemple, il y a, des milliers d’enregistrements documentant l’histoire de ce qu’on appelle des ONG. Citons l’exemple du mouvement féministe FraP!, organisation démocratique populaire, qui assurait le lien entre les mouvements féministes extraparlementaires et les travaux du Parlement. On y trouve également des congrès d’associations et de syndicats ou des enregistrements radiophoniques sur les thèmes liés à la politique de développement, etc. De grands fonds d’enregistrements sonores sont également conservés dans les bibliothèques municipales et cantonales. Ils sont pour la plupart d’intérêt local ou régional. Dans la Bibliothèque de la ville de La Chaux-de-Fonds, où le canton de Neuchâtel entretient une collection audiovisuelle, il y a environ 1800 enregistrements des conférences du Club 44, de 1944 à nos jours. Ils représentent un témoignage vivant sur la culture du dialogue présente dans la région et l’évolution de la société. Des enregistrements de débats parlementaires et de discours de personnalités importantes sont entreposés dans de nombreuses archives de l’administration publique.

Un défi pour les archivistes

Tous ces fonds sont des sources importantes – souvent uniques – pour la recherche et la formation. Elles fournissent des informations sur des aspects sociaux, économiques ou politiques de l’histoire contemporaine et font partie de notre culture démocratique. Pour les institutions en charge de ces fonds d’archives, ce genre de documents représente un défi tout particulier: Assurer la conservation, le catalogage et l’accès public à des copies de consultation implique des infrastructures adaptées, un personnel compétent et donc des moyens financiers. Il ne faut pas sous-estimer les exigences que pose une politique de constitution du patrimoine transparente, qui doit être maîtrisée si l’on doit sélectionner et évaluer des fonds d’archives.

Fiche synthétique des supports sonores et des formats de fichiers

Les supports sonores les plus importants et les plus connus sont énumérés ci-après. La liste n’est pas tout à fait chronologique car certains de ces formats sont apparus presque en même temps. Leur datation peut également varier selon que l’on se réfère à l’invention, au dépôt du brevet ou à l’introduction sur le marché.

Cylindre

Photo: Phonothèque national suisse, Lugano

Le phonographe, la machine parlante inventée par Edison en 1877, mère de toutes les évolutions dans le domaine de la reproduction sonore, permet une brève gravure en profondeur (verticale) sur une feuille de papier d’argent posée sur un cylindre. Dans les années 1881–1886, Chichester A. Bell et Charles Sumner Tainter remplacent la feuille de papier d’argent par un cylindre en carton recouvert de cire. Ce sera de nouveau Edison, en 1888, qui proposera une version «définitive» du phonographe en dotant sa création d’un moteur électrique et en produisant des cylindres en gomme-laque. Jusque vers 1910 les cylindres étaient fabriqués par plusieurs entreprises telles que Bettini, Columbia et Pathé. Le cylindre a été utilisé encore pendant des années dans le domaine de la recherche scientifique d’enquête de terrain.

Disque de cire

Photo: Phonothèque nationale suisse, Lugano

Les formes hybrides se comptent par dizaines; parmi elles, ce très bel exemple de disque. On employait les disques de cire plus particulièrement pour l’enregistrement de la langue parlée. Ils ont été utilisés surtout par des scientifiques et des linguistes pour le travail de terrain.

Cylindre Lioret

Photo: Phonothèque nationale suisse, Lugano

Henri Lioret (1848–1938), horloger de formation, réalise en 1893 un cylindre en celluloïd (un matériau très homogène et très dur, facile à modeler, très résistant, pratiquement incassable et, surtout, pas facilement influençable par les variations atmosphériques) fixé sur une armature en laiton. Le choix du celluloïd se révèle parfaitement approprié soit à une gravure directe, soit à la production de copies de cylindres à partir d’une matrice. Ces premiers cylindres n’étaient produits que pour la sonorisation de poupées. Toutefois, vers la fin de la décennie, Lioret accroît la dimension de ses cylindres, lui permettant ainsi l’enregistrement d’un répertoire diversifié. Les phonographes brevetés par Lioret, appelés Lioretgraph, fonctionnaient grâce à une mécanique d’horlogerie et furent utilisés soit à des fins privées (phonographe de salon no 2), soit pour de grands auditoriums (phonographe à haute voix no 3), soit encore comme moyen publicitaire (Lioretgraph Kiosque pour le Chocolat Menier). Malgré la haute qualité des enregistrements et la résistance des matériaux, son entreprise disparut rapidement du marché, vers 1904, à cause des coûts élevés de la production qui ne pouvaient faire face à la concurrence.

Disque en gomme-laque à 78 tours/min.

Photo: Phonothèque nationale suisse, Lugano

C’est à l’Allemand Emil Berliner que nous devons l’invention du disque. En 1887, Berliner invente et produit les premiers gramophones permettant l’enregistrement latéral sur un disque de 12 cm de diamètre. En 1898 la Deutsche Grammophongesellschaft commence la production en série et, en quelques années, les disques et les cylindres envahissent le marché. Les deux systèmes coexisteront pendant quelques décennies bien que dans des secteurs d’emploi différents: les disques principalement pour la reproduction musicale alors que les cylindres seront employés surtout comme supports pour dictaphones. On continuera à produire des disques en gomme-laque jusqu’en 1960 même si le marché subit une forte diminution autour des années 50, suite à l’avènement du disque vinyle (LP).

Disque acétate ou disque à gravure directe

Photo: Phonothèque nationale suisse, Lugano

Le disque acétate 78 tours/minute (en anglais acetate ou lacquer disc) a joué un rôle extrêmement important dans l’histoire de la reproduction sonore. Le terme correct pour ce support sonore est en fait disque à gravure directe. Il désigne le fait que le son était directement gravé dans le revêtement malléable du disque par un burin graveur (une sorte d’aiguille), sans passer par un format intermédiaire. Pendant de nombreuses années, les studios de radio du monde entier ont utilisé ce type de disques pour immortaliser des voix, des bruits et de la musique. Des studios d’enregistrement privés et des instituts scientifiques ont également utilisé cette technique d’enregistrement sonore, par exemple pour la recherche ethnologique. Les disques à gravure directe étaient surtout utilisés dans les milieux professionnels de l’enregistrement sonore. Après l’apparition de la bande magnétique dans les années 1950, le disque à gravure directe a rapidement perdu de son importance.

Le disque à gravure directe possédait une âme solide (un disque en métal, verre ou fibre de verre) et un revêtement de laque (acétate, nitrate) sur lequel les sillons étaient gravés. La composition chimique du revêtement de laque a fortement évolué au fil du temps. Les premiers procédés utilisaient des revêtements de cire. Celle-ci a été remplacée par de l’acétate de cellulose et, plus tard, par du nitrate de cellulose, toujours associé à des substances accessoires. Toutes ces combinaisons complexes se sont toutefois révélées vulnérables. Les revêtements contenant les sons enregistrés se décomposent, se détachent du support solide, se rétractent ou se craquellent. S’ils ne sont plus lisibles à l’aiguille, des procédés optiques permettent souvent encore de les lire. Le procédé VisualAudio de la Phonothèque nationale suisse consiste à réaliser une photographie en haute résolution du sillon et à la convertir ultérieurement en signaux audio. D’autres procédés, comme celui de l’INA, utilisent des signaux vidéo à haute fréquence qui balayent le sillon du disque en rotation. Pour plus d’informations sur l’histoire et la technique du disque à gravure directe, veuillez consulter la bibliographie à la fin des présentes recommandations.

Disque en métal

Photo: Phonothèque nationale suisse, Lugano

Les disques en métal, acier ou aluminium, étaient produits pour un usage privé. De manière simple et facile, à l’aide du phonographe personnel, on enregistrait et on réécoutait les voix. Les disques en métal ne se délaminaient et ne se déformaient pas; en revanche, il y avait danger de corrosion s’ils n’étaient pas correctement conservés. On écoutait ces disques à l’aide d’aiguilles spéciales en bambou, en bois dur ou en cactus. Avec une aiguille en acier, le sillon se retrouvait abîmé. Ce type de disques avaient pour nom Egovox, Speak-O-Phone, Repeata- Voice, Remsen, Kodisc ou autres.

Disque en vinyle – Disque Long Playing Record (LP)

Photo: Phonothèque nationale suisse, Lugano

Les premiers essais de disques de longue durée eurent lieu déjà en 1926 et en 1931, mais sans succès. Le disque en vinyle 33¹/³ tours/min de longue durée (Long Playing) fut présenté par Columbia en 1948. Sa solidité, la longue durée d’enregistrement garantie par la technique microsillon, la réduction des bruissements et d’autres avantages incontestables seront les raisons de l’énorme succès du LP. En 1957, la technologie fit un pas décisif en proposant le premier disque en vinyle stéréophonique. L’apparition du CD confinera le «disque noir», au moins en ce qui concerne le marché occidental, dans un secteur réservé aux amateurs de l’analogique, aux DJ et aux rappeurs.

Disque 45 tours – 45 tours/min.

Photo: Phonothèque nationale suisse, Lugano

L’arrivée sur le marché du petit frère du disque vinyle, ou 45 tours/min., suit à deux ans de distance. En 1949 naît en effet le petit du marché discographique, un petit qui sera en mesure d’envahir le marché avec ses ventes à des millions d’exemplaires. 45 tours est synonyme de single: sur ce support maniable seront enregistrés les succès en vogue, les singles précisément, des plus fameux groupes de rock et de pop de l’histoire.

Tefifon – bande

Photo: Phonothèque nationale suisse, Lugano

Il s’agit d’une bande sans fin, synthétique, d’une largeur de 16 mm avec 56 microsillons parallèles enroulée dans une cassette. L’une des faces de la bande devait être flexible, alors que l’autre était plus rigide pour qu’une aiguille puisse la lire. Des bandes Tefifon déjà enregistrées et d’une durée peuvent atteindre 240 minutes furent produites au début des années 50 avec un répertoire de musique d’ambiance. Toutefois le Tefifon n’eut pas de succès et disparut du marché dans les années 60.

Carte postale sonore ou carte musicale

Photo: Phonothèque nationale suisse, Lugano

La carte postale sonore se caractérise par l’union de l’image avec le son. Sur la face brillante de la carte postale on gravait un morceau de musique: un bref bonjour musical, une chansonnette, une marche ou encore des voeux en musique. Déjà sur le marché au tout début du siècle passé, elles furent utilisées d’abord comme supports publicitaires. La carte postale sonore est connue sous différentes appellations: Schallbildkarte ou Tönende Ansichtskarte en Allemagne; Talking postcard en anglais; Sonorine en France et Cartolina postale parlante en Italie.

Philips-Miller

Image: Phonothèque nationale suisse, Lugano

Ce support sonore a été utilisé à la SSR dès 1938. Une couche opaque sur un film transparent était gravée par une pointe en saphir de largeur différente selon la fréquence sonore. Contrairement au film sonore, l’enregistrement pouvait être restitué immédiatement sans procédé chimique. La bande de 7mm de large et environ 300 mètres de long pouvait enregistrer 15 minutes de son. La restitution s’effectuait grâce à une lampe qui projetait le ruban transparent sur une cellule photoélectrique. Cette dernière transformait les impulsions lumineuses en courant et par là-même en signal sonore. Le niveau technique de ce procédé était élevé. Les appareils étaient cependant coûteux et disparurent vers 1950 à l’arrivée de la bande magnétique. Une sélection d’enregistrements a été copiée sur bandes magnétiques à la fin des années 50.

Compact Disc (CD)

Photo: Phonothèque nationale suisse, Lugano

La dernière grande révolution dans l’industrie du disque a été la technologie numérique. En 1982, le premier disque compact (CD) de Philips, Sony et Polygram est apparu sur le marché. Ce support, qui séduit par sa fiabilité, sa simplicité d’utilisation et la pureté du son, a très vite remplacé les supports analogiques traditionnels. Au début des années 1990, la version enregistrable du CD, le CD-R (Compact Disc Recordable), a fait son entrée sur le marché, suivie par la production de masse de disques compacts réinscriptibles (CD-RW, Compact Disc ReWritable) et de DVD, y compris leurs versions enregistrables R et haute résolution, supports qui ont également été utilisés pour la restitution fidèle du son (DVD-Audio, SuperAudio-CD). Plus tard, d’autres formats sont venus compléter et remplacer le CD, comme le disque Blu-Ray. Les ventes de CD et de CD-R sont en baisse depuis longtemps. Cela s’explique par les nouvelles formes de distribution, de consommation et de stockage de la musique et des films de divertissement. Les mémoires fixes comme les cartes SD et l’utilisation croissante de services en ligne (nuage ou cloud), ont sonné le glas du CD et de la famille de disques qui en est dérivée. À cela s’ajoute le fait que les fabricants d’électronique de loisir et d’ordinateurs renoncent depuis un certain temps déjà à intégrer des lecteurs dans leurs appareils. Le support CD et ses dérivés doivent donc être considérés comme obsolètes de facto.

Laser Disc, LaserVision

Photo: Phonothèque nationale suisse, Lugano

Ce système de vidéodisque avec lecteur optique laser et son stéréophonique a été développé par Philips/PhonoGram dans les années 1971–72. Il n’a toutefois été mis sur le marché qu’à partir des années 80 et a été principalement employé lors d’enregistrements de concerts et d’opéras. Le vidéodisque est aussi connu sous le nom de Laser Disc (Pioneer) et Discovision (MCA). Ce système n’a toutefois pas réussi à s’imposer sur le marché et a disparu au bout d’une dizaine d’années.

Fil magnétique

Photo: Phonothèque nationale suisse, Lugano

L’enregistrement magnétique sur fil d’acier est à compter parmi les variantes plutôt curieuses de reproductions sonores. En 1896, il y a donc plus de 100 ans, l’ingénieur danois Waldemar Poulsen réalisa un appareil sonore magnétique fonctionnel. Comme moyen d’enregistrement, il utilisa un fil en acier enroulé sur une bobine. Ce support connaîtra une diffusion limitée, principalement en Allemagne et aux Etats-Unis et sera employé surtout pour l’enregistrement du parlé (théâtre, conférences).

Bande d’acier

Photo: A. Gehrig

La bande d’acier a été utilisée à la SSR à partir de la moitié des années 30. Elle permettait de réaliser des émissions de radio en différé. Sur une bande de 3 mm de large, 3 km de long et 0,08 mm d’épaisseur, on pouvait, grâce à la magnétisation, fixer environ 30 minutes de son. Les propriétés magnétiques de la bande ne se maintenaient que quelques mois, puis la qualité sonore commençait à diminuer. C’est pourquoi, en plus du poids élevé et du prix des bobines, ce n’était pas un moyen d’archivage. Les enregistrements étaient la plupart du temps effacés après l’émission, parfois certains extraits ont été copiés sur des disques à gravure directe.

Dimafon

Photo: Phonothèque nationale suisse, Lugano

Le terme se compose des mots «dictaphone » et «magnétophone»; il s’agit d’un dictaphone à enregistrement magnétique en usage dans les années 40 et 50. C’est un fil en acier en forme de spirale, incorporé dans un disque en plastique. Il y avait des disques magnétiques rigides sur lesquels on pouvait enregistrer sur une ou deux faces, ainsi que des feuilles souples pouvant accueillir un enregistrement sur une seule face. Outre leur emploi comme dictaphone, ces supports étaient utilisés aussi pour des enregistrements en prise de son directe de conversations téléphoniques, d’annonces automatisées ou d’émissions radiophoniques.

Magnetband (Tonband)

Photo: Phonothèque nationale suisse, Lugano

En 1934, BASF propose la première version de bande magnétique. Ces supports auront un large emploi, autant dans le secteur professionnel que dans le secteur commercial (radiodiffusion et en particulier en rapport avec des enregistrements sur disque). En effet, la possibilité de monter en studio de véritables émissions, en coupant et unissant des bandes, même de diverses provenances, garantira à ce support un grand succès dans le domaine professionnel et cela à partir des années 50.

Cassette audio

Photo: Phonothèque nationale suisse, Lugano

La cassette représente peut-être l’expression la plus populaire de la reproduction musicale. Dans beaucoup de pays, surtout ceux en voie de développement, la cassette est encore aujourd’hui l’un des articles les plus importants des ventes discographiques. En 1963 Philips lance sur le marché la première cassette et l’année suivante les cassettes commerciales font leur apparition. Il ne faut pas sous-estimer le double avantage de la cassette: sa simplicité d’emploi comme moyen d’enregistrement et, surtout, son prix avantageux ont permis, même au grand public, de pouvoir enregistrer facilement.

Les cassettes ont été fabriquées en différentes durées, les plus courantes étant de 60, 90 et 120 minutes. Ce support pratique a également joué un rôle important pour les nouveaux mouvements sociaux des années 1970 et 1980 : il est devenu possible d’enregistrer, de copier et de diffuser des voix et des événements à moindre coût. Les cassettes ont ainsi été utilisées pour diffuser des programmes de radios pirates sur de petites stations ou pour des journaux téléphoniques qui permettaient une contre-information rapide par rapport aux médias de l’époque. De nombreuses activités d’organisations non gouvernementales sont documentées sur des cassettes et enrichissent ainsi les sources d’histoire contemporaine. Pour la lecture et la numérisation des cassettes, il est important d’utiliser de bons appareils qui peuvent être réglés en fonction du type de cassette (oxyde de fer, dioxyde de chrome, ferrochrome, etc.) et, si nécessaire, d’utiliser des procédés de réduction du bruit comme le Dolby. La tête de lecture doit être accessible pour le réglage de l’azimut (position verticale de la tête).

Divers styles musicaux, comme le hip‑hop (compilations sur cassettes ou mixtapes) et le rock indépendant, passés inaperçus auprès des majors dans un premier temps, ont connu une large diffusion surtout par le biais de la cassette. Les scènes locales ont été reliées et mondialisées pour la première fois au travers de la propagande de cassette à cassette ou de petits labels au budget limité.

Cassette Stereo 8

Photo: Phonothèque nationale suisse, Lugano

Le Stereo 8 naît à la fin des années 60. Les premiers prototypes des «8-track» (c’est l’appellation originale) furent réalisés par l’Américain Lear et eurent du succès car ils étaient faciles à transporter et à utiliser: on pouvait les prendre avec soi dans la voiture, sur la plage ou chez les amis à l’occasion d’une fête. On n’avait pas besoin de tous les réglages d’un enregistreur comme la vitesse de défilement, la sélection des pistes, etc.

Digital Audio Tape (DAT)

Photo: Phonothèque nationale suisse, Lugano

La cassette DAT (Digital Audio Tape) apparue en 1986 est un support sonore numérique employé surtout dans le secteur professionnel. Elle permet un enregistrement de qualité égale à celle du CD; par conséquent, elle est souvent utilisée comme passage intermédiaire dans la production discographique professionnelle. Parmi les archivistes, les cassettes DAT étaient considérées comme le support le plus sûr et le plus stable pour la réalisation de copies de sûreté. Après 2006, ce support est malheureusement devenu obsolète.

MiniDisc (MD)

Photo: Phonothèque nationale suisse, Lugano

Le MiniDisc (MD) apparaît comme une tentative numérique de remplacer la cassette. Grâce à ce support, l’enregistrement et la reproduction numériques d’une source sonore est devenue possible. À cause d’une plus grande réduction des données lors de la prise de son, la qualité du support est inférieure à celle offerte par le CD.

DCC

Foto: R. Müller

La cassette compacte numérique (DCC pour Digital Compact Cassette) était un format audio stéréo numérique à réduction de données développé par Philips au début des années 1990, qui utilisait le codec PASC. Les données étaient enregistrées sur une cassette à bande magnétique qui ressemblait beaucoup à la musicassette analogique « classique ». Les appareils DCC étaient donc également en mesure de lire ces dernières. En fait, la DCC aurait dû remplacer la musicassette. Mais le format n’a pu s’imposer ni contre le R-DAT de haute qualité ni contre le MiniDisc du concurrent Sony. C’est ainsi que, après quelques années seulement, la DCC a disparu d’un marché très concurrentiel sur lequel elle s’était lancée bien trop tard. Les bandes DCC doivent être traitées de la même manière que les cassettes R-DAT, c’est-à-dire qu’il faut veiller à ce que les éventuelles métadonnées et autres informations enregistrées soient également lues dans la mesure du possible. Il existait d’ailleurs un enregistreur DCC doté d’une interface pour ordinateurs. Il devrait toutefois être difficile de trouver des appareils DCC encore en état de marche, car ce format est obsolète depuis longtemps.

Formats servant de supports de données

Foto: R. Müller

Divers supports utilisés pour les enregistrements audio ont également servi de supports de données pour les sauvegardes ou les copies d’archives, raison pour laquelle les données audio ont également été sauvegardées sous forme de fichiers de données sur des CD-R, DVD, Blu-Ray et cassettes DAT. Mais on utilisait aussi des supports issus de la technologie de l’information fondée sur l’informatique (TI) comme les disquettes, les disques durs, les SSD, ainsi que des médias obsolètes depuis longtemps comme les disques Syquest ou les disques Zip. La lecture de données à partir de tels supports échoue souvent non seulement à cause de problèmes de disponibilité d’appareils de lecture en état de marche, mais aussi en raison de l’état des supports ou de schémas de partitionnement qui ne sont plus lisibles. Pour l’utilisation à des fins d’archivage de fichiers issus de tels formats de supports, nous renvoyons également à la section « Documents nés numériques » du chapitre « Numérisation de documents sonores ».

Formats de bandes numériques multipistes

Foto: Schweizerische Nationalphonothek

À la fin des années 1980, Sony et Studer ont développé DASH, le premier standard pour l’enregistrement numérique multipiste sur bande. L’ère des magnétophones numériques a toutefois pris fin deux ans plus tard, lorsque le fabricant Alesis, fondé en 1984, a présenté un enregistreur numérique 8 pistes qui enregistrait sur des cassettes VHS traditionnelles (ADAT) pour un prix nettement inférieur. D’autres fabricants ont suivi la tendance, ce qui a donné naissance à une multitude de formats multipistes propriétaires : par exemple Akai (ADAM), Tascam (DA-88), Studer (V-Eight). Tous ces formats ont disparu dans les années 2000 avec le passage à la production basée sur des fichiers exclusivement sur ordinateur. En ce qui concerne l’utilisation de ces formats, nous vous renvoyons également au chapitre « Transfert ou transcodage en fichiers d’enregistrements sonores sur cassettes audio et vidéo et sur supports sonores optiques ». 

Formats audio (linéaires) non compressés ou sans réduction de données :

Les termes « compressé » et « réduction de données » ne s’utilisent pas de la même manière dans les milieux informatiques ou médiatiques. Memoriav les utilise dans le domaine du son par analogie à l’usage qu’en fait la IASA (voir aussi TC 03, IASA, 4e édition 2017, version allemande et anglaise, p. 14.). Nous entendons donc par « compression de données » différents procédés de codage (audio) qui travaillent sans pertes de données (aussi appelés lossless coding). Et ceci contrairement au terme « réduction de données » désignant des procédés qui, dans tous les cas, soustraient des données de manière irréversible dès l’enregistrement (lossy coding).

Il existe relativement peu de formats audio linéaires :

Wave: développé par IBM et Microsoft, ce format est principalement utilisé dans l’environnement Windows. Il s’agit d’une implémentation du conteneur RIFF (Resource Interchange File Format) et il peut donc également contenir des formats compressés ou à réduction de données. L’extension de fichier est .wav. Dans le contexte archivistique, les fichiers Wave contiennent le plus souvent des données MIC (PCM), donc des données linéaires (voir glossaire). Memoriav recommande de vérifier les propriétés des fichiers (par ex. avec les outils de Media Area) afin de s’assurer que des données MIC sont réellement transférées lorsqu’un service d’archives à long terme prend en charge des fichiers Wave. Memoriav recommande Wave comme format d’archivage (éventuellement aussi comme format audio dans le BWF, voir ci-après) s’il est possible de créer un BWF. Voir également les recommandations du CECO.

BWAV ou BWF (Broadcast-Wave-Format) : extension du conteneur Wave destiné à prendre en compte les besoins supplémentaires en métadonnées dans les en-têtes de fichiers de radiodiffuseurs. De larges cercles, dont Memoriav fait partie, recommandent BWF pour l’archivage audio avec des données audio linéaires Wave.

AIFF (Audio Interchange File Format): développé par Apple, généralement MIC linéaire (AIFF-C peut également contenir un ensemble de codecs compressés).

SD2 (Sounddesigner2) : format développé à l’origine par Digidesign (aujourd’hui Avid) pour Protools.

AU : développé par Sun Microsystems ; à l’origine le standard sur les systèmes Unix. 

Formats de fichiers compressés avec ou sans pertes

Comparés aux audios avec données compressées ou à réduction de données, les fichiers audio non compressés occupent relativement beaucoup de mémoire et leur transmission prend beaucoup de temps. Avec l’arrivée d’internet, d’innombrables méthodes ont donc été développées afin de réduire la taille des fichiers. La plupart d’entre elles font l’objet d’une protection légale. Cela signifie que l’encodage (compression) et le décodage (décompression) sont soumis à des frais de licence et que les algorithmes d’encodage et de décodage ne sont pas disponibles gratuitement, ce qui, en plus de raisons techniques, proscrit les formats de fichiers compressés pour l’archivage à long terme. Il convient de faire la distinction entre formats propriétaires et formats ouverts.

Formats de fichiers ou codecs propriétaires

mp3 (Mpeg-1/Mpeg-2 Audio Layer III) : prend en charge toute une palette de débits binaires, la norme officielle autorisant un débit binaire maximum de 320 kbit/s, ce qui, en comparaison avec un fichier stéréo en 16 bits/44.1 kHz (norme CD), correspond à une compression d’au moins 1:4. Les débits binaires usuels pour les médias d’usage courant oscillent entre 128 et 256 kbit/s. Le format né dans les années 1980 et mis sur le marché dans les années 1990 a longtemps été grevé de licences qui sont maintenant échues, du moins pour ce qui concerne le Fraunhofer Institut, donc son « inventeur », ce qui fait que l’usage du mp3, respectivement de son code source ouvert, est libre de droits.

AAC (Advanced Audio Coding) : développé à partir de l’algorithme de compression sans pertes du mp3. À taille de fichier égale, le codec offre une meilleure qualité sonore.

WMA (Windows Media Audio): développé par Microsoft et surtout utilisé sous Windows ; WMA-lossless offre également un codec sans pertes ; les systèmes d’exploitation MacOS, iOS et Android ne prennent pas en charge ce format. À débit binaire égal, la qualité audio du codec se classe entre le mp3 et l’AAC.

Formats de fichiers ouverts ( open source )

FLAC : le seul codec qui travaille officiellement sans pertes. La compression s’effectue donc uniquement au niveau des données. FLAC est issu d’un projet open source développé par la http://Xiph.org Foundation. Des tests ont montré que le codec ne travaille réellement sans pertes que jusqu’au niveau 5, au-delà (donc en cas de compression plus importante), ce codec travaille également avec pertes. Malgré cela, certaines institutions patrimoniales recommandent FLAC pour l’archivage en combinaison avec un conteneur ouvert tel que Matroska par exemple. Memoriav ne recommande pas FLAC pour l’archivage à long terme en raison du temps de calcul élevé que nécessitent le codage et le décodage. Les économies d’espace de stockage et financières ne sont pas non plus significatives par rapport aux coûts administratifs d’un service d’archives.

Vorbis (Ogg) : le codec développé dans le cadre d’un projet open source de la http://Xiph.org Foundation n’est pas propriétaire. Le code source est accessible gratuitement et s’utilise la plupart du temps avec le conteneur Ogg dont le code source est également ouvert. Lancé à l’origine en réaction à l’exploitation sous licence du standard mp3, le codec a connu un grand succès auprès des fournisseurs de contenus open source tels que Wikipédia. Vorbis (Ogg) travaille également exclusivement avec une compression de données avec pertes, donc au moyen de la réduction de données.

Liens

  • IASA TC 03, 4e édition, version anglaise: The Safeguarding of the Audiovisual Heritage: Ethics, Principles and Preservation Strategy; version allemande: Die Bewahrung audiovisueller Dokumente: Ethische Aspekte, Prinzipien und Strategien; IASA TC 03 3e édition, version française. Online, consulté le 14.2.2023

  • KOST Katalog Archivischer Dateiformate. Online , consulté le 22.2.2022

  • Medie Area, open source software company. Online, consulté le 26.7.2022

  • Xiph.org foundation. Online, consulté le 26.7.2022

 Dernières modifications: juillet 2021


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