L’évaluation de fonds photographiques joue un rôle essentiel dans la conservation du patrimoine culturel. Si l’évaluation est une machine bien huilée dans le monde des archives, a fortiori s’agissant des documents écrits, il y a encore du pain sur la planche dans celui de la photographie. De fait, la question de l’évaluation n’est apparue que récemment dans la photographie et n’a pas encore été traitée en détail à ce stade. Il a fallu longtemps avant que la photographie soit considérée comme une partie intégrante du patrimoine culturel. Par ailleurs, l’octroi de ce statut visait d’abord à sauver autant de photographies que possible. Compte tenu de ce statut durement obtenu et de la diffusion progressive de la photographie, la question de l’évaluation s’est ensuite fait jour.

De fait, les archives, bibliothèques et musées possèdent souvent d’énormes fonds et collections photographiques. À eux seuls, les coûts élevés provoqués à long terme par les mesures de conservation exigent une stricte procédure de sélection. L’évaluation d’une collection au titre de mémoire iconographique porteuse d’avenir digne de ce nom implique une approche différenciée. L’adoption d’une position claire quant au contenu et à la qualité d’une collection et de ses composants passe inévitablement par un travail d’évaluation rigoureux. Chaque photo n’a pas la même valeur.

Si les différentes institutions ont élaboré des procédures variées en la matière, elles se rejoignent toutes sur les aspects suivants :

Si une collection ou un fonds sont proposés à une institution, il lui appartient de décider si elle souhaite les accueillir ou non. Sa décision doit être motivée par sa politique en matière de collection. Peut-être ledit fonds ou ladite collection seraient-ils plus appropriés ailleurs ? En cas de prise en charge du fonds, il doit être analysé dans son ensemble du point de vue de la qualité du contenu et esthétique, des supports et de leur état de conservation, ainsi que de la densité des informations contextuelles. Le fonds doit être considéré en relation avec le contexte dans lequel il est né et son utilisation. Seul un aperçu détaillé du matériel existant permet une évaluation, puis une sélection des différentes pièces qui doivent être traitées et mises en valeur. La sélection vise à mettre en lumière certaines photographies, tandis que l’évaluation porte sur l’ensemble du fonds.

La sélection doit se fonder sur des critères essentiels, tels que :

1. L’état de conservation : les photographies sont-elles menacées ? Les supports d’une partie du fonds doivent-ils être traités en priorité ?

2. La singularité : le fonds contient-il des thèmes photographiés rarement ou de manière particulière ? Présente-t-il des qualités esthétiques extraordinaires ? Contient-il une technique photographique ou des formes de présentation rares ou particulières ? Faut-il sélectionner un auteur, un thème, une période ou une technique au sein du fonds ?

3. La densité des informations contextuelles : certaines parties du fonds comportent-elles des contextualisations particulièrement intéressantes (carnets de commandes, pièces d’exposition, textes de reportages, etc.) ? Certaines parties du fonds documentent-elles de manière particulière les conditions de production ou le mode d’utilisation des photographies ?

4. Les supports : certains supports (négatif, diapositive, tirage) sont-ils traités de manière privilégiée ?

5. Le projet de mise en valeur : le projet de mise en valeur porte-t-il sur une seule partie du fonds ?

Si l’évaluation mène également à des éliminations partielles, il faut impérativement clarifier les droits d’auteur et d’utilisation en amont. En effet, seuls peuvent être éliminés les supports pour lesquels l’institution dispose également des droits d’auteur et d’utilisation.

En définitive, il importe que les critères d’évaluation et de sélection soient documentés afin que le chercheur suivant puisse les identifier clairement. Par conséquent, l’évaluation et la sélection doivent être transparentes.

Bibliographie et liens

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Dernières modifications: octobre 2017