Repenser la description des photographies dans le contexte d’un monde numérisé

Si le schéma SEPIADES (2003) [9.9.2021] demeure la référence en matière de catalogage et d’inventoriage des photographies, son implémentation et son usage ne sont pas aussi étendus que l’on aurait pu l’espérer. Alors que chaque institution peine à intégrer l’héritage d’une longue tradition de description dans les normes actuelles, comment faire pour décrire un média qui n’est pas le support d’information principal ? Ensuite, l’accès internet au patrimoine numérisé et sa publication sur des portails exercent de nouvelles pressions. Quelle approche faut-il alors envisager pour la description de la photographie dans ce contexte ?

La description des photographies est, hormis dans les institutions spécialisées, rarement idéale. Elle s’intègre généralement et naturellement dans le contexte de l’institution qui héberge ces photographies : c’est la tradition de description de l’institution qui prime et non celle du média. Il est alors difficile d’envisager la description de la photographie dans une norme différente que celle en usage interne, ce qui est légitime.

Pourtant, à l’heure de l’accès internet, de l’échange des métadonnées pour les portails nationaux et internationaux et du RDF (Resource Description Framework), restreindre la description de la photographie aux seuls besoins de l’institution paraît inadapté et voué à une obsolescence certaine à moyen terme. Il n’est plus possible aujourd’hui de ne considérer l’investissement que représente la description de la photographie qu’au seul usage interne. Cette description doit être envisagée dans un contexte plus large, qui dépasse la seule exploitation sur le site de l’institution. La description revêt alors un caractère compatible et universel, on parle plus précisément d’interopérabilité.

Hormis évidemment SEPIADES, l’éventail des normes actuelles est tel (Metadata Universe) qu’il est difficile de recommander l’une d’elles plutôt que l’autre. Une approche plus pragmatique consiste à considérer qu’aucune norme n’est mauvaise pour autant qu’elle permette de décrire la photographie dans son ensemble et dans son contexte, qu’elle offre des aptitudes de conversion ou qu’il existe des passerelles (crosswalks). Cette approche nécessite cependant qu’un seuil minimal de descriptifs soit fixé, ce seuil doit permettre de décrire la photographie, son auteur, son contexte ainsi que les droits relatifs :

Ces éléments seront évidemment complétés par les éléments habituels, tels que la localisation, les références, anciennes cotes, etc. 

En tout état de cause, la qualité de la description repose essentiellement sur sa consistance, ce qui exige parfois une certaine sobriété. Il faut surtout en tenir compte pour le titre et le contenu. Les descriptions d’images trop détaillées, outre leur caractère chronophage, sont susceptibles d’engendrer des taux d’occurrences plus faibles lors de la recherche, par exemple si l’on préfère « Boeing 777 » à « avion ». La gestion d’un thésaurus diffère au sein des institutions. Si elle est une évidence pour les bibliothèques, qui travaillent généralement avec un thésaurus normé, elle est souvent inhabituelle dans les archives. Tout thésaurus doit pouvoir être utilisé et mis à jour tous fonds confondus, d’où la nécessité, dans bien des cas, de ne pas utiliser trop de mots-clés.

Certaines normes « génériques » sont garantes d’une pérennité certaine et d’une véritable interopérabilité. Parmi elles, et à titre d’exemple, on peut notamment citer la norme EAD (Encoded Archival Description). Cette norme a été élaborée en 2002 à partir de la norme ISAD(G) à l’intention des archives. Cette norme s’est adaptée à la description des différents supports d’informations que l’on trouve dans des archives, y compris la photographie. Cette norme comprend d’ores et déjà des passerelles vers USMARC , Dublin Core et ISAD(G). Dans le cadre du projet APEx (Archives Portal Europe network of eXcellence) du portail européen des archives (Archives Portal Europe - APE), l’outil de conversion (Data Preparation Tool) permet encore de transformer les métadonnées EAD au format EDM (Europeana Data Model) d’Europeana.

Le potentiel de compatibilité de la norme de description choisie conditionne donc l’accès à la photographie décrite et constitue par là même la clé de la diffusion du patrimoine photographique. Si l’on croyait définitivement résolues les questions de l’inventoriage et du catalogage, les nouvelles technologies de l’information nous obligent aujourd’hui à nous remettre en question et, encore une fois, à retrousser nos manches !

Bibliographie et liens (références aux standards)

• Gregorio, Sergio; Stepanovic, Anja-Elenea: Directives de la PBC concernant les métadonnées des images fixes numériques. BABS, KGS 2008: Guidelines Nr. 3/2008. Online, consulté le 14.12.202

• APEx-Projekt (Archives Portal Europe network of excellence). Online, consulté le 14.12.202

• APEx Local Data Preparation Tool. Online, consulté le 14.12.202

• Portail européen des archives. Online, consulté le 14.12.202

• Dublin Core. Online, consulté le 14.12.202

• EAD (Encoded Archival Description). Online, consulté le 14.12.202

• EAD (mapping EAD-ISAD(G) et EAD-MARC). Online, consulté le 14.12.202

• EDM (European Data Model). Online, consulté le 14.12.202

• Europeana. Online, consulté le 14.12.202

• ISAD(G)-Standards. Online, consulté le 14.12.202

• MARC Standards. Online, consulté le 14.12.202

• Metada Universe. Online, consulté le 14.12.202

• SEPIADES-Schema (2003). Online, consulté le 14.12.202

Dernière modification: octobre 2017