Le premier enregistrement sonore, réalisé par Edison sur une feuille de papier d’argent enroulée autour d’un cylindre, n’a pu être écouté que quelques fois avant de s’effacer. Ce caractère éphémère colle à l’image du document sonore jusqu’à aujourd’hui, comme une malédiction – ou une bénédiction, c’est selon. En effet, les techniques d’enregistrement découvertes après Edison, l’enregistrement magnétique sur fil ou sur bande sonore, les systèmes mécaniques sur cylindre ou sur disque, n’ont également jamais pu être utilisées sans usure du support.
Les inventeurs du disque compact nous ont fait miroité dans un premier temps qu’ils avaient trouvé le support sonore éternel. Il est vrai que le CD acheté dans le commerce est relativement stable lorsqu’il ne présente pas de défaut de fabrication. Cependant, l’industrie travaille fébrilement à de nouveaux systèmes qui remplaceront aussi tôt que possible les CD et les appareils permettant de les écouter. Les fabricants nous ont également gratifié du CD enregistrable, dont l’instabilité est comparable à celle des anciens médias sur disque. Malheureusement, il est encore considéré jusqu’à aujourd’hui comme support sonore propre à l’archivage.
La commercialisation de la cassette audio dès 1965 a engendré un véritable boom de l’enregistrement sonore, tant dans le domaine privé que public. On peut supposer qu’il subsiste encore des millions d’enregistrements de ce type, hélas également impropres à l’archivage. La plupart ne seront plus lisibles à plus ou moins long terme. L’arrivée de la technique numérique a vu dans un premier temps un recul des enregistrements sonores individuels, jusqu’à ce que la technologie devienne accessible à tout un chacun, dans des formats et une qualité qui ne conviennent toutefois pas pour la conservation à long terme.
L’archiviste, la bibliothécaire et toute autre personne responsable d’archives sonores doit faire face à une multitude de problèmes. Ces recommandations ont pour but de les aider à prendre les bonnes décisions, de les informer sur ce qu’une personne non spécialisée peut faire elle-même et ce qu’elle doit laisser au spécialiste. Elles fournissent également des points de repères pour évaluer les offres d’entreprises privées dans le domaine de la numérisation.
Contrairement à la vidéo, nous avons la chance de disposer dans le domaine du son d’un format international standard pour le stockage numérique. En revanche, les problèmes se situent au niveau de la préservation de cette très grande quantité de données et sa mise à disposition des utilisateurs et utilisatrices. Il manque encore des infrastructures et des compétences, les besoins d’investissement en installations adaptées étant très élevés. Cependant, la communauté internationale des archivistes du son s’occupe également de ce problème (Kevin Bradley et al., 2006).
Les chapitres dédiés aux thématiques spécifiques au son abordent aussi bien les supports sonores analogiques que le traitement d’informations disponibles sous forme numérique. L’objectif premier est d’empêcher la perte d’informations enregistrées par exemple sur des supports de données comme les MiniDisc, DAT, CD ou DVD. Cette problématique se pose également pour les documents récents qui existent déjà sous une forme numérique d’origine : comment garantir la stabilité de ces données ? Un autre chapitre se consacre à la reproduction des musicassettes analogiques (MC) qui bien que n’étant pas un support sonore professionnel sont présentes en nombre dans les archives.
Si les informations existent déjà sous forme numérique, elles n’ont pas besoin d’être « numérisées ». Ce terme est souvent utilisé à tort, même dans le monde des archives audiovisuelles. En fait, un disque compact audio n’est pas numérisé, mais le signal numérique est extrait du CD, en faisant très attention de vérifier l’intégrité de ces données sans modifier les paramètres d’origine. Il ne faut pas oublier la thématique des formats multipistes et le traitement des fichiers audio dans la pratique archivistique. Une attention particulière est accordée aux documents « nés numériques ». Le chapitre correspondant traite de manière approfondie de l’éthique dans l’archivage de fichiers audio. Il décrit entre autres ce à quoi il faut veiller lors de la conversion de formats et aborde la question de savoir comment traiter les originaux et les copies à l’ère numérique. Tous les progrès techniques ne doivent pas nous faire oublier que ces thèmes sont essentiels pour une politique de conservation crédible et durable, à laquelle Memoriav s’engage et dont la préservation des métadonnées originales fait également partie.
Les sources d’information sont pour l’essentiel les mêmes que dans l’ouvrage de référence. L’Association Internationale des Archives Sonores et Audiovisuelles (la IASA), par ses recherches et ses différents groupes de travail, reste une institution de référence en la matière. Cependant, il est surprenant de trouver des sources d’information moins conventionnelles, comme des cours universitaires dans le cadre desquels des recherches très intéressantes sont menées en la matière. D’autre part, les normes établies par les fabricants eux-mêmes ne peuvent pas être ignorées. Elles restent une source fondamentale, même si les frais d’obtention de ce type de documents sont quelque peu disproportionnés et que la terminologie utilisée dans ces ouvrages s’adresse plutôt aux chimistes, aux mathématiciens ou aux informaticiens spécialisés.
Bibliographie
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Bradley, Kevin: Risks Associated with the Use of Recordable CDs and DVDs as Reliable Storage Media in Archival Collections – Strategies and Alternatives. Memory of the World Programme, Sub-Committee on Technology. National Library of Australia, Canberra, 2006.
Dernières modifications: juillet 2021