La photographie (du grec photós, «lumière» et graphein, «écrire, peindre», donc «peindre avec la lumière») désigne une méthode d’imagerie par laquelle, à l’aide d’un procédé optique (généralement un appareil photo), une image lumineuse est projetée sur une couche photosensible (par ex. papier ou film) pour y être figée directement et durablement (procédé analogique) ou convertie en données électroniques au moyen de capteurs photosensibles, puis enregistrée sur un support de stockage distinct tel que puce, clé, disque dur, etc. (procédé numérique). Parallèlement, la photographie désigne l’image lumineuse durable proprement dite (communément appelée photo) créée par le procédé photographique. Il peut s’agir d’un positif ou d’un négatif (en noir et blanc ou en couleur) sur un support en métal, papier, verre, plastique ou autre. Les prises de vues photographiques sont copiées par voie analogique sous forme de tirage, d’agrandissement, de copie de film ou par voie numérique (en règle générale au moyen de l’impression à jet d’encre). Les images numériques peuvent aussi être tirées sur des matériaux analogiques (par ex. matériaux couleur chromogènes) et représentent ainsi un genre de photographie hybride.
Dans cette brève description technique de la photographie fondée sur une entrée de Wikipedia (version allemande), il faut souligner trois points : les photographies sont des images prises avec un appareil photo analogique ou numérique qui doivent être durables et qui, en principe, sont reproductibles. L’emploi du terme « originaux » tel qu’il est conçu dans l’art est peu sensé dans le domaine de la photographie, sauf pour les procédés historiques permettant de produire des pièces uniques telles que le daguerréotype ou l’ambrotype, pour les procédés d’images instantanées plus récents tels que le Polaroïd, pour les œuvres de la photographie artistique vers 1900 (en tant qu’impressions nobles uniques), pour les tirages argentiques « vintage » de l’histoire de la photographie classique ou pour les œuvres photographiques d’artistes contemporains.
La photographie se caractérise par une extrême proximité avec la réalité – la nature se dépeint quasiment d’elle-même, comme on l’a déjà constaté lors de sa première apparition il y a près de deux siècles – tout en possédant, depuis le début, le potentiel d’un média de masse. D’une part, sa reproductibilité est déjà établie dans le processus positif/négatif. De l’autre, l’industrie photographique à croissance rapide permet la simplification et la démocratisation de la technique photographique, si bien qu’elle est abordable et accessible pour tout un chacun. Ainsi la photographie est-elle devenue le support d’image principal des 19e et 20e siècles, le support qui non seulement documente tous les aspects de la vie humaine et tout endroit aussi éloigné soit-il sur la planète (et au-delà), mais provoque aussi des changements fondamentaux dans tous les domaines de la société et de la culture, tout en influençant notre perception du monde de manière décisive. Du point de vue de la recherche, elle a rendu visibles des phénomènes invisibles à l’œil nu grâce à différents procédés tels que la microphotographie ou la macrophotographie. La photographie constitue également la base du cinéma, de la télévision et de la vidéo. En tant que composant incontournable des téléphones mobiles actuels, elle joue un rôle crucial dans notre communication quotidienne. Par conséquent, la photographie n’est pas qu’une partie de notre patrimoine audiovisuel. Elle incarne l’expression la plus aboutie de notre mémoire visuelle des 180 dernières années, dont la conservation doit être garantie avec le soutien de Memoriav.
La photographie en tant que média est un phénomène extrêmement complexe qui n’a aucun égal sur le plan de son apparition et de son mode de fonctionnement. Les photographies sont produites dans des contextes très différents et réutilisées et perçues dans des dimensions tout aussi variées. Elles peuvent être des créations indépendantes, mais aussi de simples reproductions (également analogiques ou numériques, prises de vues avec une caméra ou numérisation) d’images, d’objets, de bâtiments, etc. Par conséquent, les photographies se trouvent à des endroits très différents et sont classées dans les catégories les plus diverses, non seulement dans les archives d’État, de presse et d’entreprises, dans les bibliothèques universitaires et cantonales, les musées ou les collections en tout genre, mais aussi dans les boîtes à chaussures des greniers de particuliers, dans des registres d’enquête de la police ou dans des catalogues d’échantillons de l’industrie textile. Du point de vue de la valeur, elles oscillent entre des pièces uniques majeures dans l’histoire de la photographie et des photos de téléphones mobiles prises des milliards de fois, entre des témoignages marquants d’une époque et des enregistrements publicitaires éphémères, entre une expression artistique sensible et des stéréotypes de la photo de famille privée.
Désormais, les institutions publiques suisses disposent de plus de 70 millions de photographies. Dans ces conditions, difficile de dire lesquelles méritent d’être conservées à long terme. Leur valeur résulte de leur intégration dans un lien conceptuel, dans une culture très spéciale, de leur mode de gestion par les différentes institutions qui les collectent et les mettent à la disposition du public. La valeur des photographies n’est pas intrinsèque ni dictée par l’histoire de la photographie dans notre pays : elle doit leur être conférée de manière active.
Bibliographie et liens
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Fotografie, Wikipedia version allemande. Online, consulté le 15.2.2023
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Rapport Fotobuero Bern : Überblick über das fotografische Kulturerbe in der Schweiz. Bericht über den Umfang, den Zustand, die Erschliessung und die Bedeutung fotografischer Bestände in öffentlich zugänglichen Schweizer Institutionen, Dezember 2014. Online, consulté le 17.04.2023.
Dernières modifications : avril 2023