Sorti en 1923, La Roue est l’un des trois grands films muets d’Abel Gance avec J’accuse (1919) et Napoléon (1927). « Il y a le cinéma d’avant et d’après La Roue, comme il y a la peinture d’avant et d’après Picasso » écrivait Jean Cocteau. Modèle pour le cinéma d’avant-garde des années 1920, son style et son ampleur ont, entre autres, inspiré Eisenstein et Kurosawa. L’équipe du film comprend notamment Blaise Cendrars, comme assistant, et Fernand Léger qui dessina les affiches. Pour l’accompagnement musical de cette œuvre colossale, Arthur Honegger compose quelques musiques dont le célèbre « Pacific 231 » et, avec Paul Fosse, constitue une partition rassemblant 117 pièces, parfois inédites, de compositeurs modernes du 20ème siècle dont, entre autres, Darius Milhaud, Gabriel Fauré, Claude Debussy, Camille Saint-Saëns, Henri Duparc, Jules Massenet ou encore Pietro Mascagni
Pour mener son ambitieux projet — tourné en grande partie en extérieurs, ce qui est rare pour l’époque ! — Abel Gance prend toutes les libertés et fait exploser le budget initial. Seize mois de tournage, cent cinquante heures de rushes, 2’300 mètres de pellicule, divisés en un prologue et quatre chapitres, témoignent du caractère pharaonique de ce projet. Le producteur Charles Pathé avait prévu une durée de deux heures ; à l’arrivée, le film en fera plus de sept. Lorsqu’il sort en salles, le 16 février 1923, il reçoit un accueil mitigé du public, mais l’avant-garde intellectuelle s’émerveille devant l’inventivité narrative et technique du film, du montage audacieux et du traitement inédit de la couleur.
Devenu un film culte pour de nombreux cinéphiles et mélomanes, La Roue a bénéficié d’une restauration de grande ampleur menée par la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, en partenariat notamment avec la Cinémathèque française et la Cinémathèque suisse qui conserve l’une des rares copies colorisées du film. Ce marathon de plus de 7 heures – avec 3 entractes – aura lieu le dimanche 28 août dès 10h au Théâtre du Jorat à Mézières. La Cinémathèque suisse et l’Orchestre des Jardins musicaux ne pouvaient rêver plus bel écrin pour cette œuvre magistrale que la « Grange sublime », inaugurée en 1908.
Billetterie dès le 16 mai sur www.theatredujorat.ch.
Restauration du film : Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, en collaboration avec la Cinémathèque française, la Cinémathèque suisse, Pathé, avec le soutien du Centre national du cinéma et de l’image animée, ZDF/Arte, Arte France Unité cinéma, BNP Paribas, Memoriav.