Comment voyageait-on virtuellement au début du XXe siècle ? Qu’est-ce qui a précédé les interminables « séances diapos » imposées au retour des intrépides explorateurs ? La réponse tient dans le procédé de la stéréoscopie. Pendant près d’un siècle (1838-1930), cette technique facilita l’émergence d’un « tourisme en chambre », en parallèle d’un tourisme Belle Epoque en plein essor. Elle constitue surtout un support pédagogique destiné à ceux qui ne pouvaient pas voyager. Cet outil révolutionnaire pour l’époque, à la croisée du guide de voyage et du livre illustré, proposait à ses utilisateurs des images en trois dimensions grâce à un dispositif s’apparentant à l’ancêtre du casque de réalité virtuelle. De plus, ces vues étaient géo-localisées sur des cartes, constituant une sorte de « Google Maps » avant l’heure.
Inventé en 1838, le stéréoscope devient à la fin du XIXe siècle un bien de consommation de masse. « Pas de maison sans un stéréoscope ! », « La merveille optique du moment ! » sont les slogans qui accompagnent cette révolution. Science, technique et commerce font alors bon ménage et la stéréoscopie vit son âge d’or. Les voyages deviennent rapidement l’un des thèmes de prédilection des éditeurs de coffrets stéréoscopiques.
Au début du XXe siècle, la pédagogue américaine Mabel Sarah Emery (1859-1932) est mandatée par l’éditeur Underwood & Underwood pour réaliser un guide pour le set consacré à la Suisse. Ce coffret symbolise l’intérêt grandissant pour les Alpes et permet d’expérimenter une sensation d’immersion dans l’espace grâce à une étroite interconnexion entre texte, carte et photographie. Il est composé d’un guide, de 11 cartes géo-localisées et de 100 stéréophotographies montées sur des cartons et portant sur le verso les légendes imprimées en six langues. L’auteure maîtrise parfaitement le langage indispensable pour accompagner de façon immersive les voyageurs virtuels. Pourtant, elle n’a probablement jamais foulé le territoire helvétique de sa vie !
C’est précisément ce parcours à travers les Alpes, conçu par Daniela Vaj, qui est mis à l’honneur dans le cadre de l’exposition « Les Alpes au stéréoscope », présentée aux Arsenaux de Sion du 30 juin au 22 octobre et dont la scénographie a été imaginée par Marie-Antoinette Gorret et Joakim Gorret. L’exposition virtuelle « Les Alpes en 3D », réalisée dans le cadre du projet Viaticalpes est disponible sur la Plateforme paysage de l’UNIL. Vers l’exposition virtuelle
Des visites guidées et des rencontres publiques accompagnent cette exposition:
Brochures de l’exposition réalisées par Daniela Vaj à télécharger (pdf) en français et en allemand.
Du 30 juin au 22 octobre 2022 aux Arsenaux de Sion