Ce film est sans nul doute l’un des films les plus importants de l’histoire du cinéma suisse. Situé dans le nord de l’Italie en 1943, il décrit le parcours d’un lieutenant britannique et d’un sergent américain, prisonniers de guerre, qui s’évadent et aident ensuite des réfugiés juifs à passer la frontière vers la Suisse. Tourné en 1944, en pleine guerre, Die letzte Chance interroge à chaud la question des réfugiés et la politique d’asile de la Suisse durant le conflit, ce qui a valu à la production de nombreuses difficultés avec la Confédération qui ne voulait pas vraiment d’une œuvre qui pourrait sembler critique. Le scénario de Richard Schweizer est le fruit de longues conversations et d’enquêtes même si, selon le réalisateur Leopold Lindtberg, «l’histoire de ce film n’est qu’un inoffensif conte de fée comparé aux faits réels. (…) Ce n’est pas un film pour ceux qui ont connu le malheur mais pour tous les autres, les heureux, les épargnés, afin que cela les incite à réfléchir». La voix off qui termine le film sonne aujourd’hui étrangement d’actualité: «Des millions d’hommes en Europe parcourent le même chemin. Un jour ils retourneront enfin chez eux.»
Après avoir été vu par plus d’un million de spectateurs en Suisse, Die letzte Chance a remporté l’un des Grand Prix du Festival de Cannes en 1946. Il a aussi remporté un Golden Globes aux Etats-Unis, où, distribué par la MGM, il a rencontré un grand succès. Diffusé dans le monde entier, le film a reçu un excellent accueil tant public que professionnel dans un monde qui pansait ses plaies. Georges Sadoul, Henri Langlois ou des cinéastes comme Jean Grémillon, Alberto Lattuada, Luigi Comencini et Alfred Hitchcock notamment ont tressé des louanges à ce film qui présente avec rigueur les vicissitudes de la guerre et de la persécution.
Die letzte Chance a été produit par la société Praesens-Film, fondée en 1924 par Lazar Wechsler et Walter Mittelholzer. Avec notamment Marie-Louise (qui a remporté l’Oscar du meilleur scénario en 1945), Die Vier im Jeep (Ours d’Or à Berlin en 1951) du même Leopold Lindtberg, Die Gezeichneten (The Search) de Fred Zinneman (Oscar du meilleur scénario et Oscar du meilleur espoir en 1948) ou Heidi de Luigi Comencini (primé à Venise en 1952), les productions de Praesens-Film ont remporté, de la fin des années 30 aux années 60, une reconnaissance internationale importante que cette belle sélection à Cannes nous permet, aujourd’hui, de remettre en valeur.
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La projection de la copie restaurée de Die letzte Chance de Leopold Lindtberg dans le cadre de Cannes Classics aura lieu le Vendredi 13 mai à 11h dans la Salle Buñuel. En savoir plus sur la projection